Listening ( by Raymond Carver)
Un recueil de poèmes s'est trouvé dans mes mains, par hasard, sans détour, directement, alors que je faisais un saut chez un libraire pour rejoindre une amie. Je n'ai pas eu le temps de le voir venir et déjà il avait trouvé sa place au fond de mon sac, puis sur ma table de nuit*.
* ma table de matin plutôt car c'est au réveil que je lis de la poésie.
"La vitesse foudroyante du passé" de Raymond Carver. (Ed. de l'Olivier sorti en poche Points )
En français.
J'accroche!
Quatre-vingt poèmes. Un petit bonheur presqu'à chaque fois.
L'auteur parle avec simplicité, puis les faits alignés convergent vers une grande beauté, la banalité devient un concentré de sensations et le moment est unique.
La quatrième de couverture parle de ".... sublimes instantanés poétiques recueillis par un virtuose de la "short story"."
Je décide alors de me promener sur internet à la recherche de poèmes de Raymond Carver en anglais cette fois.
En voici un.
Une mini-nouvelle en effet.
j'espère qu'il vous plaira.
It was a night like all the others. Empty
of everything save memory. He thought
he’d got to the other side of things.
But he hadn’t. He read a little
and listened to the radio. Looked out the window
for a while. Then went upstairs. In bed
realized he’d left the radio on.
But closed his eyes anyway. Inside the deep night,
as the house sailed west, he woke up
to hear voices murmuring. And froze.
Then understood it was only the radio.
He got up and went downstairs. He had
to pee anyway. A little rain
that hadn’t been there before was
falling outside. The voices
on the radio faded and then came back
as if from a long way. It wasn’t
the same station any longer. A man’s voice
said something about Borodin,
and his opera Prince Igor. The woman
he said this to agreed, and laughed.
Began to tell a little of the story.
The man’s hand drew back from the switch.
Once more he found himself in the presence
of mystery. Rain. Laughter. History.
Art. The hegemony of death.
He stood there, listening.
C’était une nuit comme les autres. Dénuée
de tout sauf de mémoire. Il pensa
être passé de l’autre côté des choses.
Mais non. Il lut un peu,
écouta la radio. Regarda un moment
par la fenêtre. Puis monta. Au lit,
il réalisa que la radio était restée allumée.
Mais ferma les yeux malgré tout.
Au plus profond de la nuit,
alors que la maison filait à l’ouest, il se réveilla
avec des voix qui murmuraient. Et se figea.
Alors il comprit que c’était seulement la radio.
Il se leva et descendit. Il devait
pisser de toute façon. Une pluie fine
tombait désormais dehors. À la radio,
les voix s’évanouirent et réapparurent,
comme si elles revenaient de loin. Ce n’était plus
la même station. La voix d’un homme
dit quelque chose à propos de Borodine,
et de son opéra Prince Igor. La femme
à qui il s’adressait acquiesça, et rit.
Commença à raconter un peu l’histoire.
La main de l’homme s’écarta de l’interrupteur.
Une fois de plus il se trouvait en présence
du mystère. Pluie. Rires. Histoire.
Art. L’hégémonie de la mort.
Il se tint là, debout, écoutant.
Poème traduit par Frédéric Neyrat
http://www.lampe-tempete.fr/rayondenuit.html
le poème en anglais avec la traduction française vis-à-vis
get sth. verbe [fam.]
get to sth. verbe
draw (sth.) verbe (drew, drawn)
...En espérant que les ondes radio de ma "mémoire" ne passeront pas "de l'autre côté des choses",
...et que je pourrai avoir de plus en plus accès à "la présence du mystère" grâce à une langue que je découvre et qui m'ouvre les portes de la parole poétique...
Merci de me suivre de près ou de loin lors de ce parcours!