Let’s Voyage into the New American House ( by Richard Brautigan)
Au mois d'octobre, je déménage.
Quand je parle de mon nouvel appartement, je précise toujours:
"Ce n'est pas l'appartement de mes rêves, mais je pense que je pourrais m'y trouver bien...
...et je termine dans ma tête:
...dans cette vie-là!
Tant il est vrai que les petites cages toutes identiques dans lesquelles on nous fait habiter ( et dans lesquelles j'accepte de me blottir ) attristent une part de mes aspirations.
Quand je lis Richard Brautigan, je rencontre un frère qui me révèle des parties de mes rêves dont j'ignorais la forme.
Découvrez un poème que je trouve rafraîchissant et libérateur,
une efficace antidote à mes enfermements.
Peut-être y a-t-il...
Si vous cliquez sur ce lien vous accéderez à la plateforme Soundcloud où ce texte est dit.
Let’s Voyage into the New American House
( by Richard Brautigan)
There are doors
that want to be free
from their hinges to
fly with perfect clouds.
There are windows
that want to be
released from their
frames to run with
the deer through
back country meadows.
There are walls
that want to prowl
with the mountains
through the early
morning dusk.
There are floors
that want to digest
their furniture into
flowers and trees.
There are roofs
that want to travel
gracefully with
the star through
circles of darkness.
Parcourons la nouvelle maison américaine
( de Richard Brautigan)
Il y a des portes
qui veulent être libres
de leurs gonds pour
voler avec de parfaits nuages.
Il y a des fenêtres
qui veulent être
détachées de leur
chambranle pour courir avec
les daims à travers les prés
de l’arrière- pays.
Il y a des murs
qui veulent rôder
avec les montagnes
à travers les premières
lueurs de l’aube.
Il y a des sols
qui veulent digérer
leurs meubles pour en faire
des fleurs et des arbres.
Il y a des toits
qui veulent voyager
gracieusement avec
les étoiles à travers
des cercles d’obscurité.
« C’est tout ce que j’ai à déclarer » oeuvre poétique complète, édition bilingue
Le Castor Astral, traduit par Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard.
Quel majestueux rêveur, ce Richard Brautigan...non?
le poème en anglais avec vis-à-vis la traduction française
Je profite de ce poème pour enrichir mon vocabulaire anglais...
(car je vous le rappelle c'est (c'était?) le but principal de ce blog....)
Petite question:
Comment traduiriez-vous "the early morning dusk"? au quatorze et quinzième vers?
"There are walls
that want to prowl
with the mountains
through the early
morning dusk."
early= tôt morning= matin dusk = crépuscule
La version du traducteur est celle-ci:
" les premières lueurs de l'aube"
?!?
aube ou crépuscule?
Profitant de l'aide éclairante de ma belle-fille préférée, bilingue et sollicitée régulièrement pour ce blog, je comprends que le traducteur s'est résolu à faire l'impasse sur l'intention voulue de l'auteur lorsqu'il écrit cet oxymore que l'on aurait pu traduire par "un crépuscule très matinal"...
Mais en français c'est peut-être un peu bizarre;
qui veulent rôder
avec les montagnes
lors d'un crépuscule très matinal. (?)
Quel boulot, la traduction de poésie!
Je pense que parfois c'est mission impossible.
Voilà, je termine là.
Je retourne à mes tris et à mes cartons!
... en espérant qu'installée entre mes murs et sous mon toit, grâce à des auteurs inspirants découverts au gré du hasard, je serai toujours ouverte à laisser entrer un peu de langue anglaise par les portes et les fenêtres, avec, comme grand bénéfice, le partage avec vous et une sensation de liberté de plus en plus vaste...